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En Argentine, l’estancia qui va vous rendre complètement « gaucho »

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Bâtiment principal de la Bamba de Areco © Géraldine Rué
Les gauchos véhiculent des valeurs si fortes qu’avant tout voyage dans la pampa argentine, il est légitime de se demander si tout ceci n’est pas un mythe. La littérature gauchesca a contribué à l’édification de cette figure emblématique de l’Argentine et dans son ouvrage Don Segundo Sombra, l’écrivain Ricardo Güiraldes dresse le portrait d’un homme pauvre de situation et pourtant plus riche que quiconque car ne possédant rien et ne désirant pas davantage. Cette vision idéalisée appartient désormais à l’histoire, les gauchos se sont sédentarisés et élèvent leurs troupeaux sur des terrains appartenant aux propriétaires d’estancias. Pourtant, la rencontre avec ces centaures de la pampa n’en reste pas moins une expérience unique. Leur culture est toujours très présente et leurs traditions bien vivantes.

Gauchos de dos © Géraldine Rué
A une heure de route de Buenos Aires par la Ruta Nacional 8, les vastes plaines de la pampa déroulent déjà leur immensité et arrivés à San Antonio de Areco, nous sommes dans le berceau de la culture gaucho. Encore une dizaine de kilomètres par une route secondaire sont nécessaires pour atteindre La Bamba de Areco, une estancia historique qui sera notre point de chute pour quelques jours. A l’entrée, la silhouette fière d’un cavalier au béret plat nous guide bientôt jusqu’aux façades rouge sang de l’édifice. Entourés de paysages aussi sauvages qu’épurés, nous sommes loin de tout et prêts à nous immerger dans la culture des cowboys d'Argentine.

Détail de la ceinture de Daniel © Géraldine Rué
Construite en 1830, La Bamba de Areco a connu plusieurs fonctions avant d’accueillir des visiteurs : située sur le Camino Real, route qui reliait Buenos Aires au Pérou, son édifice principal est un ancien relais de poste tandis que d’autres bâtiments ont servi d’abri à cheval ou encore d’auberge pour les gauchos de la région. Rénovée en 2010, l’estancia  n’en a pas moins préservé l’authenticité des lieux : chaque chambre porte le nom d’un cheval célèbre et leur décoration évoque l’époque coloniale. Les traditions sont respectées avec goût et raffinement, mais surtout avec goût : chaque déjeuner est l’occasion de savourer un asado, le barbecue argentin.

Entrée des écuries de la Bamba de Areco © Géraldine Rué

 

La Bamba de Areco et sa pulperia © Géraldine Rué
Intérieur de la pulperia © Géraldine Rué
Piscine

Entièrement dédiée à l’univers équestre, la Bamba de Areco héberge les 40 chevaux de l’équipe de polo internationale du même nom. Quotidiennement, des joueurs s’entrainent sur un des terrains de l’estancia. Au cours de ces parties endiablées, les meilleurs chevaux du pays seront aussi présélectionnés pour participer en Europe à des compétitions prestigieuses.

Joueur de polo en pleine action © Géraldine Rué
Le vrai spectacle est cependant celui offert par les gauchos travaillant à l’estancia et qui à l’occasion, font la démonstration de leur virtuosité équestre. La pratique de leurs jeux traditionnels constitue autant un distraction qu’un entrainement à la capture du bétail : au cours d’une partie de pato, les cavaliers déploient toute leur dextérité pour faire passer dans le camp inverse un ''ballon à poignets'', quand la sortija nécessite la plus grande précision : son cheval lancé au grand galop, le cavalier doit attraper avec une petite tige en bois un anneau suspendu à plus de deux mètres de haut sur une barre. La tradition veut qu’il offre l’objet à l’élue de son cœur. Autre démonstration typique de gaucho, la doma india (ou domptage de chevaux), un exercice spectaculaire qui accède au rang d’art équestre.

Jeu du pato © Géraldine Rué
La Bamba de Areco propose bien évidement des balades à cheval en compagnie des gauchos qui s’occupent aussi à cette occasion de leur troupeau de vaches, chevaux et moutons. Nous explorons les plaines alentours avec Andrés, un gaucho plus sauvage que ses chevaux avant d’être domptés : il ne parle que pour dire des choses essentielles et porte un soin particulier à ce que son cheval ait un port de tête souverain. L’osmose entre l’animal et le cavalier devient totale lorsque ce dernier dispose son poing sur sa cuisse, formant avec son coude un angle droit parfait. Les gauchos sont fiers, il n’est pas permis d’en douter !

Andrés la main sur la cuisse et le coude en parfait angle droit © Géraldine Rué

Andrés préparant ses chevaux pour une balade © Géraldine Rué
Andrés © Géraldine Rué
Le port de tête souverain du cheval d'Andrés © Géraldine Rué

Il arrive que les gauchos proposent de les suivre pour observer d’autres activités avec leurs troupeaux. Ils doivent aujourd’hui faire le marquage des vaches, c’est en tous cas ce que j’avais compris… Après la vaccination de quelques animaux, mes cowboys se lancent armés de lassos dans la capture de jeunes veaux pour ensuite… les castrer. Je voulais de l’authenticité, je suis servie ! Les attributs masculins des bestiaux finissent accrochés à une barrière dans un sachet plastique en attendant de terminer leur existence préparés en asado. Une fois leurs taches accomplies, les gauchos se retrouvent autour d’un maté et n’hésitent pas à prendre leur guitare pour chanter quelques airs de leur répertoire musical. Leurs joutes musicales appelées pajadas sont imprégnées de mélancolie, parlent d’amour et bien sûr de chevaux. On y trouve toute la sagesse du gaucho, celle qui s’apprend par le vécu l’expérience et non pas dans les livres.

Maté
Pour les écouter, cliquez ci-dessous :
Chanson Andres
Chanson Martin

Tout séjour à la Bamba de Areco serait incomplet sans la visite de San Antonio de Areco, ville typique qui a vu naître ces cowboys d’Argentine. L’écrivain Ricardo Güiraldes y a longtemps vécu et un musée dédié à la culture gaucho porte son nom. Dans les ruelles coloniales, le temps semble s’être arrêté et il suffit de s’installer à la table d’une pulperia pour s’en convaincre. La décoration est la même depuis le siècle dernier et personne n’envisage qu'elle change. Sans jamais quitter leur béret, des gauchos y font passer le temps autour d’un verre de vin agrémenté de conversations hautes en couleurs.

Pulperia de San Antonio de Areco © Géraldine Rué

Deco pulperia
Vieux gaucho dans une pulperia de San Antonio de Areco © Géraldine Rué
Interieur pulperia

Les artisans de San Antonio de Areco constituent un autre attrait majeur de la ville. Se consacrant à l’univers équestre et plus particulièrement à celui des gauchos, ils confectionnent avec un savoir-faire inégalé les accessoires indispensables aux cavaliers, des ceintures typiques décorées de pièces de monnaies (rastra) aux couteaux en argent (facón) en passant par les bottes en cuir et les coupes à maté. En fonction de leur humeur, il est possible de les voir à l’œuvre. Car on retrouve aussi ici cette mentalité particulière à l’univers gaucho : aucun objet ne se fait jamais dans la précipitation et le travail doit être porté par la passion. Ces messieurs ne sont pas de simples artisans mais bien plus de véritables artistes.

Mariano Draghi, artisan de San Antonio de Areco © Géraldine Rué
Géraldine Rué

PRÉPARER SON VOYAGE :
Site de La Bamba de Areco : www.labambadeareco.com
Y aller : www.aireuropa.com


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